1.1.  Ronce fruitière : avec ou sans épines, remontante ou non – aperçu de la diversité du genre Rubus

Culture de la ronce fruitière en Belgique et ailleurs

Fruits délicieux, jusqu’à quatre mois d’étalement des récoltes, vaste gamme d'espèces et de variétés, fructification dès la deuxième année, tolérance à une large palette de sols, exigences de culture faibles, usages artisanaux, intérêt médicinal et écologique : autant de bonnes raisons de planter une ronce fruitière !

Présenté comme l’un des plus complexes de la botanique, le genre Rubus compte entre 400 et 1000 espèces ou sous-espèces qui ont colonisé les régions froides et tempérées de tout l’hémisphère nord. Leur aire de répartition peut ainsi aller de littoraux arrosés d’embruns salés jusqu’aux abords des premiers glaciers. Il s’agit de plantes caractérisées par une grande adaptation et diversification, lesquelles résultent notamment de leur capacité à s’hybrider et à former des embryons sans fécondation (apomixie).

C’est parmi ce vaste genre que l’on trouve notre « mûrier » sauvage, ou Rubus fruticosus, que l’on qualifiera de ronce commune afin d’éviter toute confusion avec les mûriers en arbre, appartenant quant à eux au genre Morus. La ronce commune se retrouve dans toute l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Afrique australe, le Sud-Est de l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Chili, dans les régions où la pluviosité moyenne avoisine 750 mm par an. Si elle pousse dans de nombreux types d’habitats, elle ne fructifie toutefois de manière régulière et abondante que dans les haies, les clairières et les coupes forestières récentes.


La ronce commune est un sous-arbrisseau vivace, plus ou moins épineux, qui produit de longues tiges (ou cannes), d’abord herbacées puis semi-ligneuses. À la fin de la première année, ces tiges, alors appelées  « primocannes », se recourbent, touchent le sol et s’enracinent. L’année suivante, elles développent les tiges portant les fruits, qualifiées quant à elles de « floricannes », puis se dessèchent et meurent, laissant les nouvelles cannes prendre le relais. Un pied de ronce produit donc à partir de sa deuxième année, et ce pendant 15 à 20 ans, mais atteindra une production optimale à partir de sa troisième à quatrième année. La ronce commune fleurit de juin à août et fructifie d'août à novembre. Le fruit, appelé « mûre » ou « mûron », de couleur noire, mesure de 0,5 à 3 cm de diamètre et possède une saveur juteuse et agréable, plus ou moins acidulée.


Grâce à son système racinaire dense et à son feuillage épais, la ronce commune limite le ruissellement, ameublit et stabilise le sol, protège la terre de l’ensoleillement direct et maintient l’humidité au niveau du sol. De plus, ses feuilles et ses tiges mortes se décomposent rapidement, ce qui améliore sensiblement le terrain. Parfois baptisée « berceau du chêne » ou « mère de la forêt », la ronce protège les jeunes plantes des prédateurs tout en leur offrant des conditions de croissance idéales. Elle abrite et nourrit aussi une riche faune auxiliaire et sert de refuge à la biodiversité. À noter que les chèvres et les moutons peuvent la consommer à titre de fourrage occasionnel.

À l’heure actuelle, nous consommons surtout le fruit de la ronce, qui contient de 4 à 7 % de sucres, de 0,5 à 1,5 % d’acides organiques, 35 mg de vitamine C par 100 g de pulpe, de la provitamine A, des vitamines du groupe B et des substances minérales telles que potassium, magnésium, calcium, fer, cuivre, manganèse. Toutefois, il est intéressant de savoir que toutes les parties de la plante sont employées en médecine traditionnelle depuis l’Antiquité. Ainsi, les gargarismes à l’aide de décoctions de jeunes pousses permettent de soulager les maux de gorge et la toux. Autre exemple d’usage médicinal : pour lutter contre la diarrhée, on peut boire 4 à 5 tasses de décoction par jour ou du sirop de mûrons à jeun le matin, puis avant chaque repas. Enfin, cette plante connaît aussi diverses utilisations artisanales comme la vannerie et la fabrication de liens.

Paillassou fait de paille et de ronce.

Pour résumer, la ronce commune est une plante rustique qui, en plus de produire de délicieux fruits chaque année, revêt une importance écologique de premier ordre et connaît divers usages médicinaux et artisanaux. Ce bref tout d'horizon nous a permis de nous familiariser avec une de nos espèces sauvages et se veut servir de porte d'entrée à l'exploration du vaste genre Rubus, regroupant les ronces fruitières.

Avant de nous plonger dans les conditions de culture des ronces fruitières, quelques dernières explications s’imposent. En culture, on distingue trois types de ronce, en fonction de leur port rampant, érigé ou semi-érigé :

  • Les ronces rampantes ne tiennent pas droit et rampent sur le sol si on ne les palisse pas. Elles se comportent de la manière décrite dans le schéma relatif à la ronce commune : seule la souche produit de nouvelles tiges et la fructification intervient sur les floricannes la deuxième année. Il s’agit de la catégorie à la fructification la plus précoce. Les fruits possèdent une saveur et un arôme excellents ainsi que de petits pépins.


  • Les ronces érigées produisent des cannes rigides et dressées à partir de la souche, mais aussi à partir des racines, de sorte qu'elles peuvent s’étendre. Ces ronces nécessitent une taille en été et en hiver ; leurs fruits ont des pépins plus gros que ceux des ronces rampantes et présentent un arôme et une saveur moins prononcés.


  • Les ronces au port semi-érigé produisent, à partir de leur souche, des tiges épaisses, vigoureuses et arquées qui bénéficient aussi d’une taille d’été et d’hiver. Ils s'agit des ronces produisant les dernières récoltes de l'été.


Dernière précision : parmi les ronces au port érigé et semi-érigé, certaines produisent des fruits sur les floricannes, comme l’expose le schéma repris plus haut, mais d’autres fructifient sur les primocannes et d’autres entre encore sur les primocannes et les floricannes. Dans ce dernier cas, on parlera de variétés « remontantes », car elles produisent une récolte en été, puis une seconde en automne, jusqu'aux premières gelées.

Après cette petite présentation de la plante, intéressons-nous à ses conditions de culture et aux variétés existantes : cliquez ici pour poursuivre l'exploration de ce petit fruitier, la ronce fruitière.

Sources

Crédits photographiques

1.2.   Argousier : conditions de culture et variétés
La culture de l'argousier en Belgique et ailleurs