Voilà pourquoi on aime l'argousier : jus au goût d'orange ananas, huiles au profil d'acides gras intéressant, exigences de culture faibles, système racinaire étendu capable de fixer l'azote atmosphérique, action brise-vent et anti-érosion. Et, cerise sur le gâteau, il est indigène.
Pour consulter notre article d'introduction sur l'argousier, cliquez ici.
Nous voilà familiarisés avec l'argousier et ses divers usages, voyons désormais comment cultiver ce petit fruitier. En production commerciale, la bonne gestion du verger joue un rôle important afin d'assurer la qualité des fruits et des rendements optimaux.
Exposition
L'argousier est une plante très héliophile. En d'autres termes, il a besoin d'une exposition ensoleillée et ne tolère pas l'ombre. Il ne s'agit donc pas d'une plante à installer entre de grands arbres ni à utiliser comme support d'une liane.
Argousier
« Dorana
»
sur notre parcelle : variété de petit développement, plutôt tardive, aux petits fruits très acidulés
Sol
L'argousier prospère sur des sols profonds, bien drainés, limono-sableux et bien pourvus en matière organique, dont le pH se situe idéalement entre 6 ou 7, même si l'alcalinité ou l'acidité du sol n'est pas un facteur limitant dans son cas. L'argousier tolère les sols salins. Pour rappel, si, dans la nature, l'argousier pousse souvent sur des sols sableux, cela s'explique par son besoin d'ensoleillement élevé et non par une préférence particulière pour ce type de sol.
Eau
Dans son aire de répartition naturelle, l'argousier reçoit généralement de 400 à 600 mm de précipitations par an. Il supporte mal les déficits hydriques importants, en particulier au printemps, lors de la floraison et de la formation des jeunes fruits. L'irrigation peut donc s'imposer pendant les périodes de sécheresse afin de garantir une bonne croissance et des rendements optimaux. L'argousier peut tolérer de brèves périodes d'inondation, mais pas de l'eau stagnante.
Espacement
Afin
de satisfaire aux besoins élevés d'ensoleillement de l'argousier et
d'assurer un accès aux machines, il est possible d'aménager le
verger en lignes orientées nord-sud, en espaçant les pieds de 1 à 2 m sur le
rang et de 4 à 5 m entre les rangs. Les particuliers pourront opter pour un espacement de 1 à 3 m, en gardant à l'esprit que la pollinisation de l'argousier s'effectue par le vent, si bien qu'il est conseillé de garder les plants mâles à proximité des femelles et de tenir compte de la direction des vents dominants pendant la floraison. Dans le cas d'un verger, il est possible de planter une rangée d'argousiers mâles au début et à la fin de la plantation afin d'optimiser la pollinisation.
Verger d'argousiers en Allemagne
Plantation
La littérature recommande d'installer les plants au printemps ou à la fin de l'automne. Il est conseillé de décompacter profondément le sol au préalable, de désherber (pour rappel, l'argousier supporte mal la concurrence des autres plantes) et, si nécessaire, de fertiliser ou d'amender. Il est possible d'enterrer le pied de 10 à 15 cm et de rabattre les plants chétifs à 30 cm lors de la plantation.
Fertilisation et carences
Comme les autres fruitiers, l'argousier a besoin de disposer de nutriments adéquats pour fournir des rendements élevés et des fruits de bonne qualité. Cependant, il est important de souligner que l'apport d'azote peut nuire à la nodulation des racines et retarder le développement des nodules après l'inoculation avec les bactéries. Il peut dès lors être intéressant de réaliser des analyses de sol afin de déterminer précisément les apports indiqués. L'association mongole des fruits et des baies recommande d'apporter 10 à 12 kg de fumier par m2 avant la plantation, puis d'apporter 160 à 240 g de phosphore et 80 à 200 g de potassium par pied au printemps pendant la période de croissance.
Floraison, fructification et pollinisation
Pour rappel, l'argousier fleurit au début du printemps et fructifie à partir de la fin de l'été. Cet arbuste étant dioïque, il est nécessaire d'installer tant des pieds mâles que femelles ; la proportion généralement recommandée est de 1 mâle pour 10 femelles.
Variété « Aromat
» : fruits très parfumés à la couleur éclatante
Taille
La taille de l'argousier, qui s'effectue au début du printemps avant le débourrement et en automne après la chute des feuilles, vise à promouvoir la croissance et à faciliter la récolte. Une taille modérée permettra à l'arbuste de produire davantage et pendant de plus longues années. Chaque année, il est important de supprimer les branches cassées, desséchées, mortes et malades (taille sanitaire), mais aussi celles qui s'entrecroisent. Il est possible de pincer les branches trop longues pour favoriser les rejets latéraux. L'objectif consiste à assurer une bonne pénétration de la lumière et à supprimer les branches âgées de plus de 3 ans afin de rajeunir l'arbrisseau et d'éviter une sénescence prématurée. Voici le schéma de taille préconisé par l'association mongole des fruits et des baies :
Taille préconisée par l'association mongole des fruits et des baies
Gestion de l'enherbement et du drageonnement
La gestion de l'enherbement joue un rôle important dans les plantations d'argousiers, car elle permet de favoriser la croissance des jeunes plants. Les particuliers pourront se contenter, par exemple, d'un bon paillage. Pour éviter d'endommager les racines superficielles, il est essentiel de limiter le travail du sol aux 8 à 10 premiers cm de terre. Cette opération permet aussi de contenir le drageonnement. Les particuliers pourront se contenter de tondre autour du tronc à cette fin.
Maladies et ravageurs
Afin de prévenir l'apparition de maladies, il est important d'opter pour des variétés résistantes, de ne pas négliger la taille sanitaire ni la gestion de l'enherbement, d'installer des plants exempts de maladie, de veiller à ce que les arbrisseaux bénéficient d'un ensoleillement élevé, ne manquent d'aucuns nutriments (notamment la potasse) ni d'eau et ne soient pas exposés à une humidité excessive.
L’argousier est sensible à diverses maladies, dont l’incidence augmente à mesure que la culture de ce petit fruitier gagne de l’ampleur. La gravité de ces pathogènes, qui touchent diverses parties de la plante, varie en fonction de la région considérée, de l’âge de la plante, du climat et des conditions de culture. La maladie du flétrissement, causée par des champignons du genre Verticillium et Fusarium, est l’affection la plus répandue au sein des vergers d’argousiers dans diverses régions du monde. Les plantes endommagées par le gel ou exposées à la sécheresse ou à une humidité excessive sont davantage sensibles à cette maladie.
A – tiges desséchées à la suite d'une infection par Verticillium sp. ; B – cortex racinaire devenu mou et brun ; C – coupe de la racine atteinte ; D – tissus vasculaires morts
Côté ravageurs, le principal serait la mouche de l’argousier, ou Rhagoletis batava. Les larves de cet insecte pénètrent dans les fruits et se nourrissent de sa chair, ce qui rend les baies impropres à la consommation. Cette mouche hiverne dans le sol et cause essentiellement des dommages aux variétés précoces et de mi-saison. Pour lutter contre la mouche de l'argousier, il serait possible d’ameublir le sol autour de la plante et dans les allées et de semer des herbacées vivaces dans les allées.
A – mouche adulte ; B – abdomen de la femelle avec oviscapte téléscopique ; C – fruits endommagés
Prédation
Il peut être nécessaire de protéger les argousiers contre les chevreuils. En ce qui concerne les oiseaux, ils consomment rarement les argouses avant la récolte et ne prélèvent généralement que les fruits qui sont restés sur les branches après la cueillette, en hiver.
Récolte
Les baies de l'argousier sont difficiles à récolter, car elles sont fortement attachées aux branches de deux à trois ans, qui sont épineuses. La récolte à la main ou par raclage avec une planche est donc très fastidieuse. Il est possible de couper la branche fructifère, de la congeler, puis de la secouer ou de la frapper pour que les fruits se détachent. Une autre technique consiste à couper les branches, puis à détacher les baies par secouage grâce à une machine. La difficulté de récolte varie en fonction des cultivars. Lorsque la récolte nécessite de couper les branches de deux à trois ans, les argousiers ne produisent qu'une année sur deux.
Variétés
Hans-Joachim Albrecht est un expert et un sélectionneur allemand possédant plus de cinquante ans d'expérience dans la culture de l'argousier. Cliquez ici pour consulter un tableau récapitulatif englobant diverses variétés d'argousier allemandes, commercialisées par ce spécialiste, et ici pour consulter un second tableau traitant des variétés provenant d'autres pays.
L'argousier au Bois de Rode Bos
Avant toute chose, il faut savoir que les argouses sont un délice une fois transformées. Telles quelles, elles ont une saveur très acide évoquant l'agrume, qui évolue en orange ananas une fois pressées en jus. Par contre, la récolte n'est pas une sinécure : l'argousier est épineux, les baies éclatent facilement entre les mains et tiennent fermement aux branches. Niveau culture, aucune difficulté particulière n'a émergé. On contient le drageonnement en tondant rapidement autour des troncs, comme on le ferait avec des framboisiers. Les plants mâles sont plus vigoureux que les femelles. Encore un petit fruitier que l'on vous recommande volontiers lors des visites guidées.
Conclusion
En conclusion, l'argousier est un super petit fruitier, qui tolère des conditions extrêmes. Si on lui apporte des soins élémentaires (plein soleil, sol profond et drainé, désherbage, taille, fertilisation adaptée), il fournira de manière fiable des volumes importants de baies qui font des merveilles une fois transformées.
N’hésitez pas à passer les portes de la pépinière ou à vous inscrire à
une visite guidée si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec
ce passionnant petit fruitier, l'argousier.
Sources
- Albrecht, H.J., Sanddorn : Anbau, Ernte, Sortiment, Kordes Jungpflanzen, 2007.
- Aruhan, Chen, Xiaowei, Feng, Byambasuren, Dorjsuren, Chimedragchaa, Chimedtseren, Tsend-Ayush, Damda, et Chunhong, Zhang, « Traditional food, modern food and nutritional value of Sea buckthorn (Hippophae rhamnoides L.): a review » dans Journal of Future Foods, vol. 3, éd. 3, 2023, p. 191 à 205, https://doi.org/10.1016/j.jfutfo.2023.02.001.
- Drevinska, Kristīne, et Moročko-Bičevska, Inga, « Sea Buckthorn Diseases Caused by Pathogenic Fungi » dans Proceedings of the Latvian Academy of Sciences, Section B, Natural Exact and Applied Sciences, 2022, vol. 76, p. 393 à 401.
- Li, Thomas, et Schroeder, William, « Sea Buckthorn (Hippophae rhamnoides L.): A Multipurpose Plant » dans HortTechnology, 1996, vol. 6, p. 370 à 380.
- Mongolian National Association of Fruits and Berries, Чацаргана тариалах зөвлөмж Та чацаргана тарих гэж байна уу, 8 février 2018, http://chatsargana.mn/post/8001#.
- Moskalets, T., Moskalets, V., Grynyk, I., et Shevchuk , I., « Sea buckthorn fly, manifestations of its turn and control in agrocenoses of buckthorn » dans Quarantine and Plant Protection, 2021, (2), p. 12 à 18. https://doi.org/10.36495/2312-0614.2021.2.12-18.
- Pirc, Helmut, Encyclopédie des fruitiers sauvages ou méconnus – Pour le jardin & la haie fruitière, Ulmer, 2022.
- sanddorn.net.
Crédits photographiques :
- Fleurs : Mishra, Gyan, Murkute, Ashutosh, Kumar, Jitendra, Bhoyar, Manish, Kalia, R. et Srivastava, R.B.,Seabuckthorn (Hippophae Rhamnoides L.) a golden bush: Its genetic diversity characterization and breeding scope, 2011
- Taille : Mongolian National Association of Fruits and Berries
- Maladies : Cotuna, Otilia, Sumalan, Renata, Sărăţeanu, Veronica, Paraschivu, Mirela et Carmen, Durau, « Diagnosis of Verticillium sp. fungus from sea buckthorn (Hippophae rhamnoides L.) » dans Research Journal of Agricultural Science, 2014, vol. 46.
- Mouche : Moskalets, T., Moskalets, V., Grynyk, I., et Shevchuk , I.