1.2 Ronce fruitière : conditions de culture

Culture de la ronce fruitière en Belgique et ailleurs

Fruits délicieux, jusqu’à quatre mois d’étalement des récoltes, vaste gamme d'espèces et de variétés, fructification dès la deuxième année, tolérance à une large palette de sols, exigences de culture faibles, usages artisanaux, intérêt médicinal et écologique : autant de bonnes raisons de planter une ronce fruitière !

Pour consulter notre article d'introduction sur la ronce fruitière, cliquez ici.

La ronce fruitière est une plante relativement facile à vivre, qui peut trouver sa place dans de nombreux jardins. Abordons plus en détail les conditions de culture de ce petit fruitier.

Exposition

La ronce fruitière tolère l’ombre partielle, mais a besoin d’une exposition ensoleillée pour fructifier abondamment et produire des fruits de bonne qualité. Il est recommandé de choisir un emplacement à l’abri du vent afin de prévenir les dommages causés par le froid en hiver.

Sol

La ronce fruitière se satisfait d’une large palette de sols. Dans l’idéal, toutefois, on l’installera dans un sol fertile, bien drainé, sablo-limoneux ou argilo-limoneux, avec une capacité moyenne de rétention de l’eau, un pH se situant entre 5,6 et 6,5 et une teneur en matière organique supérieure à 3 %. Même s’il est vrai que la ronce produit davantage de fruits en sol frais et profond, il est intéressant de noter qu’en sol caillouteux et sec, les mûrons seront plus parfumés et savoureux.

Eau

Afin de prospérer et de fournir des rendements intéressants et des fruits de qualité, la ronce fruitière a besoin d’apports en eau adéquats. L’arrosage revêt une grande importance la première année de plantation, les jeunes plants n’ayant pas encore développé leur système racinaire, puis en période de sécheresse les années suivantes. On peut arroser plusieurs fois par semaine ou selon les besoins, en veillant à ce que la terre ne sèche pas totalement entre deux arrosages.

Espacement

Si l’on souhaite utiliser une ronce au port rampant comme couvre sol, on peut planter les pieds à une distance comprise entre 50 cm pour les variétés naines et 1,50 m pour les variétés à grand développement.

On espace généralement les ronces au port rampant de 90 cm à 1 m 50 sur la ligne et de 3 à 4 m entre les lignes. En ce qui concerne les ronces au port semi-érigé, les distances sont généralement de 1 m 50 sur la ligne et de 3 à 4 m entre les lignes. Pour ce qui est des ronces au port érigé, on les conduit habituellement en haies d’environ 30 cm de large, en plantant les pied à 80 ou 90 cm de distance au départ.

Verger aux États-Unis

Plantation

On peut au préalable préparer le sol en le désherbant, décompactant et amendant. Lors de la plantation, il est possible d’enterrer le pied sous 5 cm de bonne terre et de rabattre les tiges à 30 cm pour favoriser une pousse vigoureuse.

Fertilisation et carences

Pour assurer la bonne nutrition des plants, il est possible d’apporter chaque année de la fumure organique bien décomposée et des cendres de bois.

Durant l’année de plantation, il est recommandé d’apporter, selon le type de sol et la vigueur du plant, 30 à 40 g d’azote par plant dans le cas des variétés au port rampant et semi-érigé et 20 g d’azote par mètre de haie pour ce qui est des variétés érigées. Les années suivantes, ces apports passent à 40 g par plant ou à 30 g par mètre de haie, à diviser en deux applications de mars à avril. Les variétés semi-érigées et remontantes peuvent avoir besoin d’une dose supplémentaire de 15 g par plant ou de 10 g par mètre de haie 6 semaines à 2 mois plus tard.

Pour savoir si une ronce est en bonne santé, il faut vérifier si ses feuilles sont bien vertes et si les primocannes connaissent une bonne croissance et présentent une longueur normale pour la variété concernée. La présence de feuilles de couleur claire ou jaune sur les primocannes peut indiquer une carence en azote.


Ronce fruitière souffrant d'une carence en azote

Floraison et fructification

La ronce fleurit d’avril à juillet, voire à août, et fructifie de juin à octobre. Il existe des variétés dites non remontantes, qui produisent une récolte par an, et des variétés dites remontantes, qui produisent deux récoltes par an, une sur les tiges de première année (primocannes) et une autre sur les tiges de deuxième année (floricannes).

Les ronces fruitières sont autofertiles, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de planter plusieurs variétés pour avoir des fruits. Cependant, installer plusieurs cultivars permet d’étaler les récoltes et de varier les plaisirs. À noter qu'une fois ouvertes, les fleurs de ronce subissent des dégâts à partir d'une température de -1° C.

Palissage

Le palissage des ronces permet de les protéger contre les dégâts causés par le vent, d'assurer une pénétration de la lumière et une circulation de l'air optimales, de faciliter la récolte et la taille, mais aussi d'éviter que les fruits ne soient en contact avec le sol et que les tiges ne s’enracinent pour former de nouvelles souches.

Les ronces rampantes peuvent tout simplement se palisser sur deux fils (à 1 m 80 et 1 m 40 du sol), à l’aide de poteaux en bois ou en métal de 1 m 80 de haut, disposés tous les 5 à 6 m. Il est aussi possible d’installer davantage de fils si l’on souhaite déployer les tiges en éventail.

Ronce au port rampant conduite sur deux fils

Palissage en éventail

En ce qui concerne les variétés au port érigé, elles peuvent se conduire sur un palissage en forme de T, qui permet de soutenir les tiges.

Exemple de palissage de ronces au port érigé

Pour ce qui est des variétés au port semi-érigé, elles ont besoin d’un palissage plus robuste que les deux autres types de ronce. On peut par exemple utiliser un double palissage en T. Si l’on souhaite uniquement cultiver un ou deux pieds, il est également possible de conduire ces variétés à la manière des ronces rampantes.

Exemple de palissage en double T

Taille

La taille principale consiste à supprimer les tiges mortes, mais aussi le bois endommagé, malade ou attaqué. À noter qu’il est important de bien couper les tiges à la base de la souche.

Pour les variétés au port rampant et semi-érigé​, avant le gonflement des bourgeons à la fin de l'hiver,  on élimine généralement les cannes courtes ou faibles afin de ne garder que 4 à 8 cannes par souche. Ensuite, on peut tailler les pousses latérales à environ 30 cm et supprimer celles, trop basses, dont les fruits finiraient par toucher le sol. Après la récolte, on coupe les floricannes mortes, en veillant à ne pas abîmer les primocannes. Il est également possible de pincer les tiges des variétés au port semi-érigé selon la technique décrite ci-dessous.

Exemple de taille de ronces au port rampant ou semi-érigé

En ce qui concerne les variétés érigées, on peut pincer les primocannes pendant la saison de croissance afin de favoriser les pousses latérales (qui porteront des fruits l’année suivante) et de fortifier les primocannes, ce qui multipliera la récolte et de facilitera la conduite de la plante. Il s’agit de couper entre les doigts les jeunes pousses tendres afin de supprimer les 5 à 10 premiers centimètres des primocannes. Cette opération s’effectue idéalement par temps sec pour éviter l'apparition de maladies


Pincement des tiges

Ensuite, on élimine les floricannes mortes après la récolte. À la fin de l'hiver, on peut tailler les pousses latérales à environ 30 cm et éliminer les tiges les plus faibles pour ne garder qu'environ 20 tiges vigoureuses par mètre de ligne. Il est recommandé de contenir régulièrement le drageonnement des variétés érigées en tondant ou en coupant les tiges qui poussent en dehors de la haie.


Exemple de taille de ronces au port érigé

En ce qui concerne les variétés érigées remontantes, il faut, d’une part, couper à leur base les floricannes qui sont mortes aussitôt après la récolte ou en hiver (afin de ne pas abîmer les primocannes) et, d’autre part, couper les sections mortes des primocannes qui ont produit durant l’automne (on coupe environ deux nœuds sous la section morte)..

Gestion de l’enherbement

Étant donné que les herbes vivaces entrent en concurrence avec les ronces pour l'eau et les nutriments, il est important de maintenir ces premières en dehors des lignes.

Pailler les pieds permet de maîtriser l’enherbement, de maintenir le taux d’humidité du sol et de fournir des nutriments aux plantes. À noter qu’il faut éviter de pailler le collet pour éviter tout pourrissement et qu’une couche épaisse de paille pendant la saison de croissance est susceptible de favoriser la présence des campagnols, lesquels peuvent causer des dégâts aux plantes. Par précaution, il est recommandé de pailler les souches à l’entrée de l’hiver.

Le système racinaire de la ronce commune étant extrêmement développé en surface, il est important de ne pratiquer qu’un travail du sol superficiel.

Maladie et ravageurs

La ronce craint peu les ravageurs, et même si de très nombreux prédateurs vivent à ses dépens, rares sont ceux à menacer la survie de la plante.

Pour éviter les maladies et les attaques de parasites, il est important de choisir un emplacement adapté, d’espacer suffisamment les pieds et de ne pas négliger la taille, le palissage et le désherbage. Voici quelques mesures supplémentaires à envisager :

  • éviter la proximité avec les ronces sauvages ;

  • installer de jeunes plants exempts de maladie ;

  • tailler les tiges malades et attaquées ;

  • enlever les floricannes peu après la fructification ;

  • éviter de blesser les tiges ;

  • tailler bien à ras de la souche ;

  • éviter les excès d’humidité ;

  • éviter les apports trop azotés (fumier non décomposé).

Le moucheron asiatique Drosophila suzukii représente le principal ravageur en production et s’attaque tout particulièrement aux variétés tardives. La femelle pond sur les fruits avant qu’ils ne se colorent, puis ses larves se nourrissent à l’intérieur de ceux-ci pendant le mûrissement, de sorte que les dégâts ne sont guère visibles de l’extérieur.

Côté pathogènes, à la pépinière, c'est le nanisme des ronces, ou Rubus stunt, qui cause le plus de préoccupations. Cette maladie généralement transmise par des insectes suceurs cause une croissance en balais et des malformations sur les fruits. Les plants infectés dépérissent en général 4 à 6 ans après l'apparition des premiers symptômes. À titre de prévention, il est important d’installer des plants sains et d’éviter la proximité avec des ronces sauvages infectées. On recommande d’éliminer les pieds atteints avec leurs racines, puis d’observer attentivement les nouveaux plants, le temps d’incubation pouvant s’étaler sur 4 à 11 mois.

Prédation

Les oiseaux, les chevreuils, les écureuils et les souris sont amateurs de mûrons, de sorte que la pose d'un filet ou l'installation d'une clôture peuvent parfois s'imposer.

Conclusion

En conclusion, la ronce fruitière est un producteur généreux de petits fruits délicieux, qui nécessite un emplacement plutôt ensoleillé, un suivi de l'arrosage en période de sécheresse, une bonne gestion de l'enherbement ainsi qu'un palissage adéquat et une taille adaptée. Qui plus est, on trouve sur le marché de nombreuses variétés aux caractéristiques diverses qui permettent d'étaler les récoltes sur plusieurs mois. Cliquez ici pour découvrir notre sélection de quatre variétés de ronce fruitière et ici pour consulter un tableau comparatif de divers cultivars.

N’hésitez pas à passer les portes de la pépinière ou à vous inscrire à une visite guidée si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec ce passionnant petit fruitier, la ronce fruitière.

Sources

Crédits photographiques






La Classification des Variétés de Diospyros kaki
Pour mieux comprendre les comportements du fruit du kaki